Le portage salarial, initialement marginal, connaît aujourd’hui un essor remarquable en France, offrant aux travailleurs indépendants une alternative séduisante au modèle classique d’entrepreneuriat. Ce statut hybride permet de concilier la liberté de choisir ses missions et l’assurance d’une couverture sociale équivalente à celle des salariés. Alors que de nombreux consultants se retrouvent confrontés aux défis de l’auto-entrepreneuriat, le portage salarial s’impose comme une option offrant souplesse et protection. Instauré juridiquement au milieu des années 2010, ce cadre a rapidement gagné en popularité, aidé par une réglementation claire et des acteurs de plus en plus nombreux sur le marché. Nous décortiquons cette forme atypique de travail qui séduit de plus en plus de professionnels.

Portage salarial : définition

Le portage salarial est un mode de travail novateur qui conjugue autonomie et sécurité. Il se définit comme une forme d’emploi où un professionnel, désigné salarié porté, réalise des missions pour le compte d’entreprises clientes tout en étant salarié d’une société de portage.

Selon l’article L. 1254-1 de l’ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015, cette organisation se compose d’une relation commerciale entre une société de portage et une entreprise cliente, et d’un contrat de travail entre la société de portage et le salarié porté.

Le portage salarial offre un équilibre parfait : le salarié porté bénéficie d’une liberté d’organisation semblable à celle d’un travailleur indépendant, tout en profitant des avantages d’un salarié classique, tels que la couverture chômage, la retraite, et l’assurance maladie.

Cette configuration attire en particulier des consultants désireux d’être autonomes sans se priver de la sécurité d’un statut salarié.

Fonctionnement

Le portage salarial repose sur une structure tripartite impliquant trois acteurs :

  • Un consultant indépendant, nommé salarié porté, qui réalise des prestations pour des entreprises clientes
  • Une entreprise cliente, qui peut être privée, publique ou associative, et qui confie une mission au consultant
  • Une société de portage salarial, qui assure la gestion administrative et salariale du consultant

Dans ce modèle, le salarié porté négocie directement les conditions de ses missions avec les entreprises clientes : tarif, durée, et autres modalités.

Une fois la mission convenue, c’est l’entreprise de portage qui prend le relais pour gérer la facturation, les déclarations sociales, ainsi que le paiement des frais professionnels. Ainsi, le salarié porté peut se concentrer sur son expertise sans se préoccuper des aspects administratifs.

Les composantes du portage salarial

Le portage salarial repose sur trois éléments majeurs : la mission, le contrat de travail, et le contrat commercial.

Mission : une autonomie complète

Le consultant, en qualité de salarié porté, trouve lui-même ses missions, il garde donc une grande liberté dans la négociation des modalités de chaque mission : durée, conditions d’exécution et tarif.

Cela lui confère une autonomie importante, très recherchée par les travailleurs indépendants.

Contrat de travail : CDD ou CDI

Une fois la mission trouvée, le consultant conclut un contrat de travail avec l’entreprise de portage salarial.
Ce contrat, qui peut être un CDI ou un CDD, assure au consultant la protection sociale réservée aux salariés. En contrepartie, la société de portage prélève un pourcentage du chiffre d’affaires sous forme de frais de gestion.

Cette forme de contrat garantit au salarié porté les droits sociaux : couverture chômage, cotisations pour la retraite, et autres bénéfices du statut de salarié.

Contrat commercial

La société de portage salarial conclut un contrat commercial avec l’entreprise cliente. Ce contrat encadre la prestation du salarié porté, en définissant les modalités de facturation et de règlement.

Cela permet au consultant de ne pas se soucier des démarches administratives et de se consacrer pleinement à la réalisation de sa mission.

Secteur en plein essor

Après la régulation de ce statut par l’ordonnance de 2015 et la convention collective de 2017, le secteur a connu une croissance imortante.

Année Nombre d’entreprises de portage Nombre de salariés portés Chiffre d’affaires du secteur (en milliards d’euros) Équivalents temps plein (ETP)
2014 180 10 000 0,6 4 500
2023 700 200 000 1,1 9 000

Le nombre d’entreprises de portage a quadruplé, passant de 180 en 2014 à 700 en 2023. Quant au nombre de salariés portés, il a bondi de 10 000 à 200 000 sur la même période, reflétant une forte demande pour ce modèle qui allie sécurité et indépendance.

Le portage salarial représente aujourd’hui un marché de plus d’un milliard d’euros, confirmant son importance croissante dans l’économie du travail moderne.

L’évolution de ce secteur répond à un besoin de flexibilité accru, tant pour les entreprises que pour les travailleurs. Ce modèle s’adresse en particulier à ceux qui souhaitent conserver leur indépendance tout en profitant des avantages de la protection sociale.